16 Décembre 2021
EDITO
Du « Monde d’hier » au monde d’aujourd’hui - Valérie Toranian
Quand il achève Le Monde d’hier en 1942, en exil au Brésil, Zweig n’est plus le cosmopolite idéaliste issu de l’intelligentsia viennoise qui symbolisa ce que l’Europe de la culture connut de plus fécond dans les premières décennies du XXe siècle. La barbarie nazie a eu raison de tous les espoirs qu’il fondait en une « Europe des esprits », portée par l’art et la littérature et unie autour de « la haine de la haine nationaliste ».
Sa vision humaniste n’est pas sans évoquer celle de la République des lettres, communauté d’esprits libres et érudits qui ont fait l’Europe avant l’Europe, de la Renaissance au XVIIIe siècle et que le regretté Marc Fumaroli a magistralement racontée. Stefan Zweig pensait que les grandes institutions seraient incapables de relever le défi de l’Europe, notamment la Société des nations « en raison d’un appareil trop lourd, d’une domination excessive de la diplomatie ». La bureaucratie était (déjà !) l’ennemie du projet européen que l’idéologie allait définitivement souiller.
Stefan Zweig a grandi dans un univers où régnait la sécurité, une Vienne qui s’adonnait au « fanatisme de l’art », où, raconte-t-il, on lisait le journal en commençant par les pages « Spectacles » : le compte rendu d’une représentation théâtrale ou d’un nouvel opéra importait plus que n’importe quelle information de politique internationale.
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GRAND ENTRETIEN
DOSSIER : STEFAN ZWEIG. LEÇONS DU MONDE D’HIER
LITTÉRATURE
ETUDES, REPORTAGES, REFLEXIONS
CRITIQUES
Revue des deux Mondes - Stefan Zweig, leçons du monde d’hier - Décembre/Janvier 2022