14 Mars 2022
EDITO
L'autocensure, une menace pour la liberté - Valérie Toranian
En France, tout le monde est pour la liberté d’expression. Mais pas sur tous les sujets. En 2020, dans un sondage réalisé par l’Ifop, les 15-24 ans estimaient, majoritairement, que la liberté d’expression devait s’effacer devant le « respect » des dogmes religieux. Les musulmans sont les plus nombreux à s’opposer à la publication de caricatures, mais la déférence envers la religion touche l’ensemble de la classe d’âge. En 1968, la jeunesse voulait « jouir sans entraves ». En 2020, elle veut prier sans entraves et qu’on ne critique pas le dogme. À l’instar de la laïcité qu’on souhaite rendre plus « inclusive », la liberté d’expression devrait s’assouplir pour ne pas offenser les populations « sensibles ».
Défendre la liberté d’expression, dans les limites de la loi, c’est la défendre complètement ou pas du tout. Cette incohérence n’en est plus une dans notre société postmoderne où la vérité est devenue alternative. Lorsque tout se vaut, le droit de défendre la liberté d’expression vaut autant que celui de la remettre en question. Et la démocratie devient un système comme un autre... qui mérite à peine d’être défendu : dans une récente enquête de l’Institut Montaigne, 51 % seulement des jeunes interrogés jugent qu’avoir un gouvernement démocratique « est très important », et pour un tiers d’entre eux, « le vote ne sert pas à grand-chose ».
Si ce relativisme systématique touche autant la jeunesse, il n’épargne pas nos élites au sein desquelles la confusion règne.
[Lire la suite de l’édito de Valérie Toranian]
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