12 Septembre 2024
C’est le premier rendez-vous incontournable de la rentrée pour le marché de l’art. Le Parcours des mondes reçoit cette année près de soixante galeries venues des quatre coins du globe (et même d’Australie) pour exposer du 10 au 15 septembre, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, un ensemble exceptionnel d’œuvres africaines, océaniennes, amérindiennes, asiatiques ou du Grand Nord. Le président d’honneur, Marc Ladreit de Lacharrière, mécène et collectionneur, fait le point sur une 23e édition qui s’annonce foisonnante.
Le JDD. S’agit-il du plus important salon consacré aux arts premiers ?
Le Parcours des mondes demeure plus que jamais le plus grand événement international en ce qui concerne les arts extra-européens. Son excellence et sa diversité font son succès depuis 2002, accueillant chaque année un public toujours plus nombreux, qu’il soit expert, amateur ou simplement curieux. Un véritable musée à ciel ouvert qui concentre des milliers d’objets.
Comment expliquez-vous un tel engouement ?
Le fait que la manifestation soit ouverte gratuitement à tous dans un des quartiers historiques de Paris, la plus belle ville du monde, lieu de culture et de transmission, la rend unique.
Que signifie le titre de président d’honneur ?
C’est l’occasion de partager ma sensibilité pour les œuvres que je collectionne et d’affirmer une fois encore mes convictions quant à l’importance capitale du dialogue des cultures comme pilier d’une société plus harmonieuse.
Quel a été votre premier contact avec l’art ?
C’est surtout grâce à ma mère qui m’a emmené très tôt et très souvent au Louvre. Mon premier souvenir remonte à mes 7 ou 8 ans, avec Le Fifre (1866) de Manet, qui y était encore exposé et dont j’ai toujours conservé la carte postale.Depuis toujours, j’ai été fasciné par le dialogue entre les formes déconstruites des artistes africains et celles de Cézanne, Picasso ou Braque. Au fil du temps, j’ai abandonné mon corset d’Occidental formaté par la culture classique, m’émancipant pour entrer en résonance progressive avec les arts africains, que j’ai commencé à collectionner au début des années 2000.
Et votre premier achat ?
Une planche d’ancêtre de Nouvelle-Guinée, datée du milieu du XIXe siècle. Si ses proportions et ses motifs m’ont plu, ce qui m’a davantage conquis, c’était l’objet lui-même, car on dit que les esprits de ces planches sont destinés à transmettre leurs forces à leur détenteur !
Vous êtes le mécène du musée du quai Branly, à qui vous avez accordé une donation de 38 œuvres d’art africain et océanien…
La magnifique galerie, spécialement conçue par Jean Nouvel et qui porte mon nom, a une double fonction. Dans sa partie droite, présenter ma donation. Dans sa partie gauche, d’une superficie égale, organiser des expositions temporaires. Nous étudions actuellement avec le président du musée Emmanuel Kasarhérou un doublement de mon soutien afin de les multiplier.
Quelle relation entreteniez-vous avec Jacques Chirac, à l’origine du projet ?
Dans son bureau à l’Hôtel de Ville, c’était un bonheur de le voir au milieu de ses œuvres africaines. Je profitais de sa capacité d’émerveillement infinie et de son érudition sans faille. Il a fait partie de ceux qui ont été à l’origine de mon initiation aux arts premiers et m’ont permis d’entrer dans le secret de ces pièces, dont certaines sont des médiatrices entre les hommes et l’au-delà…
Comment gérez-vous votre collection ?
Elle est éclectique, c’est ainsi que le musée du quai Branly l’avait qualifiée en 2016, à l’occasion de l’exposition qui présentait mes acquisitions africaines, antiques et contemporaines. Je n’ai bien sûr jamais revendu une seule des œuvres de ma collection. Elles m’entourent, à la maison, au bureau, et même se déplacent avec moi. Pas question de réserve ou de stockage au port franc de Genève !